Un jour de marché.
Sarlat - Place de l'Hôtel de Ville - Juin 2007
A Sarlat, comme partout, il faut se méfier des produits vendus sur le marché. Les petits producteurs doivent se battre pour exister au milieu des simples revendeurs. Ils rivalisent de roublardise.
Vous croiserez sans doute la petite mémé, avec son unique poulet posé sur une cagette que la ruine menace. C'est mon dernier dit-elle. Le poulet n'est pas bien caillole. Mais il lui reste de la paille sous les griffes. La vieille a une blouse bleue en matière synthétique brillante, les doigts noueux et brunis par l'énoisage. Son nez et son mentons se rapprochent dangereusement, menaçant de condamner l'entrée de la bouche. Un unique poil s'agite au gré de ses marmonnements. Pour l'occasion, elle a remisé les feutres pour des charentaises presque neuves, à la semelle caoutchouc. On se laisse tenter, malgré une ardoise absurde. Après tout, la qualité n'a pas de prix.
L'achat consommé, le client parti, la mamie ira chercher, l'oeil brillant et le sourire aux lèvres un nouveau volatile, dans sa camionnette cachée là derrière. Et le posera, avec minutie sur la cagette précaire.
C'est de bonne guerre.