Departure vs Arrivals
Boarding Gate - 2007
d'Olivier Assayas
Au risque de paraître brutale, il faut bien avouer que Boarding Gate est un gros ratage. Le film lorgne sans l'assumer jusqu'au bout vers la série B, et nombre de scènes arrache in extremis des rires moqueurs. "Il va pas oser quand même ?" Ben si, il ose, mais pas assez. Malgré ses intentions, le film se prend très au sérieux, la pilule ne passe pas, et l'ennui gagne au bout de la ... allez, je vais être gentille,... 10ème minute. Pleine d'échos catastrophiques sur la projection cannoise, j'étais toute prête à m'ériger en défenseuse du génie incompris, de l'artiste maudit. Mais là, non, je peux pas, y'a quand même des limites à la mauvaise foi.
Bon, on passe sans se retourner sur deux énormes erreurs de scriptes (des petits soucis de fermetures éclair et de sac à main), sur la myopie du chef op' (à sa place, je m'inquiéterais), sur la musique vangelissienne à mort (il faut pendre l'inventeur du synthé, ça devient plus gérable là), sur l'histoire (ah y'avait une histoire ? oui oui, c'est un peu nikita sous ecsta). Je ne doute pas que tout ça soit fait exprès, le problème c'est que ça ne fonctionne jamais. Le film est bancal dans sa construction, avec une alternance de longs dialogues navrants, mal écrits, mal joués, et de scènes d'actions, un chouille meilleures, mais jamais captivantes, car souvent filmées dans un noir quasi complet.
Mais le gros problème, l'énorme erreur de ce film, c'est sa distribution. On passe rapidement sur Michael Madsen et Kelly Lin, qui, sans être géniaux, semblent avoir compris qu'ils étaient dans une série Z. On s'arrête une seconde sur Carl Loong Ng, qui a visiblement abusé de toxine botulique avant le tournage, et dont la mono-expressivité (l'oeil sombre et le sourcil froncé), font vite oublier qu'il est beau gosse, mais juste un peu casse-pompe. Et que dire d'Asia Argento... Sans jamais me faire hurler au génie, elle m'avait jusqu'à présent laisser un souvenir d'une neutralité parfaite. Son personnage dans Boarding Gate, est un témoignage vivant que le chaînon manquant existe bel et bien. Cheveu savamment gras mouillé (ah j'oubliais dans les erreurs de script le déplacement de la raie sur le côté), frusques effrangées, talons hauts trop grands, oeil sombre, moue boudeuse, chattemite pas nette, elle est surtout affligé visiblement d'un problème de mâchoire qui l'empêche d'ouvrir la bouche. Essayer de parler la bouche fermée en bougeant seulement la lèvre inférieure, vous verrez, c'est pas de la tarte, ça produit une espèce de cheucheuillement curieux. Les mots ainsi concaténés, sont peu distincts, et frôlent souvent le borborygme. Heureusement, ses partenaires semblent la comprendre. Une question d'habitude sans doute. Alors Asia Argento, pas dirigée ou mal dirigée, je ne sais, mais dès qu'elle apparaît à l'écran, on a envie de hurler "Rendez-nous Maggie Cheung !".
Pour finir sur une petite note positive, la caméra d'Assayas est joliment mobile et fluide, il filme notamment très bien les pieds qui montent ou descendent les escaliers...