La folie d'un homme perdu dans le monde
Géricault ou la folie d'un monde
Exposition au Musée des Beaux-Arts de Lyon
Jusqu'au 31 juillet 2006 (oui je sais c'est trop tard)
Alors voila, j'avoue je n'avais pas vraiment l'intention d'aller voir cette exposition. Mais le fait que mes jours à Lyon soient comptés, et qu'une amie m'ait fortement conseillé d'aller la voir m'ont décidés. Pour moi Géricault, c'était le Radeau de la Méduse, et des trucs pompiers et militaires avec des chevaux effarés.
Je n'avais pas tort, mais en fait je n'y connaissais rien. Un petit point rapide sur sa vie, fort obscure au demeurant. Il est né en 1791, dans une famille aisée mais aux antécédents psychiatriques certains. Sa mère est morte quand il était très jeune, et visiblement ça l'a marqué. Géricault a échappé à la guerre en se faisant payer un remplaçant. Il était ce qu'on peut appeler un rebelle, révolté contre la société et l'ordre établi, sanguin, bagarreur, libertaire et extrême. De la graine de délinquant quoi. Un délinquant, passionné de chevaux, qui aurait passé sa jeunesse au Louvre à faire des copies, ou plutôt des réinterprétations des grandes toiles de maîtres. Jusqu'au jour où on lui en a interdit l'entrée, à cause d'une petite bagarre...
Il a puisé son inspiration dans tout ce qui l'entourait, des grands événements, aux faits divers sordides. Il voyage (Italie, Angleterre), en revient à chaque fois transformé. Il faut dire qu'il a le chic pour dégoter le plus trash, et sordide de son environnement (exécutions, meurtres, naufrages, mises à mort, guerre civile, aliénés...). Vous l'aurez compris, une expo Géricault, c'est pas la fête à la saucisse.
J'ai été assez stupéfaite par sa vision de la femme. Chez Géricault, la nénette se fait rare, et elle est plutôt malmenée : morte, ou aux prises (sexuelles) avec des Satyres ou des Cygnes (oui oui, Leda et le Cygne). Ah oui, il y un tableau d'une petite partie à trois aussi. Un seul portrait féminin, fort beau par ailleurs, semble être l'exception qui confirme la règle (Portrait de Laure Bro). Bon, il faut dire qu'il a eu un enfant illégitime, avec sa tante... ça ne forge peut-être pas une sexualité tout à fait épanouie (interprétation toute personnelle).
Géricault a également fait quelques portraits d'enfants. Terrifiants. Regards durs, qui fixent l'extérieur, comme pour nous juger et nous accuser. Les blondinets du Village des Damnés de Carpenter peuvent aller se faire teindre, les mioches de Géricault m'ont foutu beaucoup plus les pétoches.
Autres portraits intéressants, ceux des pensionnaires d'une maison de fous. Pour terminer la visite, ça glace un peu les sangs.
Géricault est mort à 32 ans après une longue agonie, il en paraissait 70. Et je crois qu'il ne s'est pas trop marré dans sa vie.