Ce samedi à Monoprix.
Photo tirée de l'éprouvette d'octobre. Tu comprends pas ? Clique là.
Monoprix, samedi.
Affluence acceptable. Beaucoup d'ados. Un énergique troupeau de grues. Un bruyant troupeau de coqs. Beaucoup de vieux aussi. Juste là parce que samedi. Du monde. Et puis quelques gens qui sont là pour faire leurs courses de la semaine. Pas le temps le reste du temps. Au bureau, au travail, en déplacement. Trop fatigué quand on rentre. Et puis Monoprix fermé.
L'alarme d'un coup. Quelques uns lâchent les paniers. Mains sur les oreilles. Les autres font comme si de rien. On ne sait pas trop. On hésite. Moitié de mouvement vers la sortie. Moitié inertie. Quelques rires. Vague de je m'en foutisme, et quelques regards d'angoisse. Le bruit s'arrête.
Ceci est une procédure d'évacuation dit une voix. Numérique. Dirigez vous vers la sortie la plus proche. L'alarme va retentir.
Et l'alarme retentit à nouveau. Dans le doute mouvement vers les caisses. On planque le panier comme un peu. On le reprendra après. Un vigile immense au milieu. Fausse alerte beugle t'il. Mais le bruit continue de plus en plus fort.
On se redirige vers les rayons. Mais vides de gens maintenant. Ça fait hésiter des rayons déserts. Les autres seraient-ils sortis finalement ? Peut-être que, quand même. Mais non. Les troupeaux derrière regagnent les alignements de conserves.
Et moi, je suis tétanisée. Je ne peux pas m'empêcher de me dire que, si ça avait été vrai, on serait tous morts, là, à Monoprix ce samedi. Moi dans le rayon de la bidoche, avec une côte de porc dans la main. D'autres choisissant un débouche chiotte, des serviettes périodiques ou un caleçon. Morts comme ça, parce qu'on a pas pris au sérieux l'alerte, parce que non, franchement, des choses comme ça, ça n'arrive jamais. Ou très loin, pas ici, pas nous. Et puis ça serait passé aux infos. La famille effondrée là-bas, de l'autre côté du téléviseur, des petits bouts de gens, mélangés aux petits bouts de bœuf ou de poulet ou de dinde, un truc dégueulasse à faire peur aux gamins.
Voilà y'a tout ça qui m'est passé par la tête en une miette de seconde dès que l'alarme a cessé de brailler. Et j'étais figée. Et les gens me bousculaient. Les courses à terminer maintenant, et le surgelé qui commence déjà à dégouliner. Allez allez.
Ce samedi à Monoprix, j'ai eu peur.
L'histoire est vraie et d'aujourd'hui. Chaude d'il y a 2h.
Pour le reste c'est un petit hommage à Emmanuel Darley.
Et sa superbe pièce "Le mardi à Monoprix".