Chronique film : La belle personne
de Christophe Honoré.
Encore plus belle, caresse son visage de la souris et clique.
Vu ce film en avant-première sur Arte, mais comme il fait partie des sorties 2008, une petite critique s'impose. Une pointe de déception pour La belle personne, après l'énorme émotion qu'avait été pour moi Les chansons d'amour. Cette transposition de La princesse de Clèves dans une cour de récré de lycée est pourtant une bonne idée, même si mes souvenirs de l'ouvrage restent assez brumeux. D'ailleurs j'avais dû lire ça à peu près à l'âge des héros. Rétrospectivement, je me dis que l'éducation nationale ne fait pas grand chose pour insuffler la passion de la lecture aux gamins : la carte du Tendre enseignée par ma prof de première est un souvenir qui a dégoûté de l'amour quelques générations de périgourdins, faut pas s'étonner après que les gamins soient pas romantiques. Mais je digresse donc.
Le début de la Belle personne est très artificiel : dialogues travaillés dans la bouche de lycéens qui ne parlent que de Racine (pas Racines hélas, ils savent pas ce qu'ils ratent) et de sentiments amoureux. C'est parisien à mort, bobo à mort, et Honoré, visiblement n'a pas fréquenté un lycée populo de Province. Mais comme dans les Chansons d'amour, on finit par passer outre cet aspect du film et se laisser gentiment porter par l'histoire, mais on n'est jamais capté totalement, restant un peu en dehors du film.
La faute ne vient pas des acteurs, tous très bien (ahhhh Louis Garrel, gulps), bien qu'évidemment beaucoup trop âgés pour les rôles (en ce qui concerne les ados). La caméra d'Honoré est totalement respectueuse de ses acteurs, les filmant de très belle façon, mais je crois un peu paresseusement. Ça tâtonne un peu dans la manière de filmer son histoire, essayant même d'intégrer une chanson de Beaupain, comme dans son précédent film. Mais là le truc ne marche pas, trop isolé, trop artificiel. Comme dans le dernier Doillon, la prise de son est absolument catastrophique, on a beau tendre l'oreille, c'est insuffisant, on passe à côté.
Sans doute à revoir sur grand écran avec un son un peu meilleur pour mieux apprécier. Mais sinon, pas grand chose quand même.
Détail d'une peinture de Guido Reni "Anima Beata",
Pinacothèque capitoline (c'est pas joli ça "pinacothèque capitoline" ?)