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Racines
25 mars 2011

Chronique livre : Pas Sidney Poitier

de Percival Everett.

passidneypoitierPas facile de démarrer dans la vie et de trouver sa voie quand on est orphelin d’une mère à moitié cinglée, et qu’on s’appelle “Pas Sidney” Poitier. Heureusement que celle-ci avait le génie des affaires, et a laissé à son rejeton une immense fortune qui va lui permettre de se sortir de situations très ennuyeuses.

Pas Sidney, donc, a de plus la malchance (ou la chance) de ressembler en grandissant de plus en plus au vrai Sidney Poitier. Et d’être plongé dans des situations délirantes, qui semble tout droit sorties des films de l’acteur. Roman initiatique absurde, Pas Sidney Poitier, dans ses jeux de faux-semblants permanents, de triturage de la réalité débridée, est un livre cinglé et désopilant. Le début est pourtant assez planplan malgré son absurdité, mais un énorme coup d’accélérateur est donné quand Pas Sidney, alors étudiant, est invité par les parents de sa petite amie.

Le livre prend alors vraiment sens derrière le bordel ambiant, et Pas Sidney sert de révélateur à une société pourrie par les problèmes raciaux. Les parents de sa copine, pourtant noirs eux aussi, trouvent Pas Sidney beaucoup trop foncé pour leur douce colombe café au lait. Mais quand ils apprennent qu’il est riche à pourrir alors là, tout change et ils seraient prêts à accepter la couleur trop voyante de leur hôte. Ce n’est qu’une des multiples péripéties de ce roman, dont un des points forts est son rythme et son art du dialogue. On retiendra notamment les échanges complètement absurdes de Pas Sidney avec son professeur Percival Everett (double fictionnel de l’auteur), mais le point culminant est atteint lorsque ce même Everett fait la connaissance du tuteur de Pas Sidney, un certain Ted Turner (le magnat des médias). Ca fuse dans tous les sens, avec un rythme hallucinant, et ça ne veut rien dire, et c’est hilarant et vertigineux.

Vertigineux également le procédé engagé par Everett : peupler son livre de personnages réels mais en les fictionnalisant, et d’un personnage fictif (Pas Sidney), le seul à se démarquer par son nom du réel et qui pourtant, peu à peu est happé par lui (il se met à ressembler au vrai Sidney Poitier, jusqu’à prendre sa place lors d’une cérémonie des Oscar). Intelligent, distrayant, et désopilant, Pas Sidney Poitier est une farce absurde et futée, dont le fond n’a rien à envier à la forme.

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