Lettre ouverte à ...
Paris, octobre 2007.
Monsieur,
Entre deux trains, je me réchauffais les mains aux vapeurs chocolat, les yeux vagues aux vagues de gens. Vous êtes apparu dans mon champ de vision, présence concrète d'un monde un peu flou. Vous n'êtes pas resté longtemps. Les yeux délavés, le visage buriné, à droite, à gauche, à droite, à gauche. Vous attendiez quelqu'un, quelqu'une, vous attendiez quelque chose. Vous attendiez la pluie, la lune, un train, vous attendiez Marguerite, Gertrude, Marie, Gérard. Vous attendiez.
Non, vous n'êtes pas resté longtemps, mais ça a duré des heures. Et quand vous êtes parti, vos mains étaient vides, et vous étiez seul. Moi j'étais un peu plus pleine et un peu moins seule de votre vie anonyme rencontrée au hasard d'un changement de train.
Monsieur, merci.
Anne